La mémoire et les émotions

Quand les émotions influencent la mémoire

« La mémoire des mots se perd, pas celle des émotions ». Les mots de l’écrivain et académicien Amin Maalouf sont aussi le constat de nombreuses études scientifiques concernant la corrélation entre la mémoire et les émotions.

La mémoire et les émotions

Nous nous rappelons mieux les choses lorsqu’elles sont émotionnelles, c’est-à-dire liées à une émotion, positive ou négative. Mieux encore, les émotions sont indispensables au bon fonctionnement cognitif :  elles permettent la mémorisation des événements qui lui sont associés. Comment cela fonctionne-t-il ? Parmi la multitude d’informations auxquelles nous sommes confrontés tout au long de notre vie, certaines vont susciter une émotion et ainsi capter entièrement notre attention sur le moment. C’est parce que l’émotion suscite toute l’attention de l’être que le moment peut s’ancrer dans la mémoire et se muer en souvenir. Ce souvenir sera par la suite réactivé lors de ressenti similaire provoqués par des stimuli externes (un son, une odeur, un sentiment…).

La mémoire sélective

Cependant, des émotions négatives violentes peuvent avoir un effet contraire à la mémorisation : dans ce cas, la puissance du choc empêche le cerveau de recevoir l’information correctement et le souvenir lié à cet instant peut être altéré, voir mener à un traumatisme. C’est notamment le cas du stress post-traumatique : n’arrivant pas à intégrer l’information à cause du choc émotionnel produit, le cerveau préfère l’oublier. Ce processus fait partie de la sélectivité de la mémoire, autrement dit sa capacité à sélectionner les informations selon la signification et l’importance qu’on leur accorde. Cette sélection est aussi un moyen pour la mémoire de se protéger des émotions négatives, lui préférant les émotions positives.

L’impact du temps sur la mémoire

Selon Nicole Caza, chercheuse en psychologie à l’Université de Montréal, on distingue deux types de mémoires : la mémoire épisodique, dédiée aux moments de notre vie, et la mémoire sémantique, liée aux connaissances et au savoir. Toutes deux ne vieillissent pas de la même façon, c’est pourquoi les personnes âgées auront tendance à avoir des troubles mnésiques et des difficultés à se remémorer les choses. En effet la mémoire épisodique est la plus fragilisée par le temps, d’où les difficultés de ces personnes à se souvenir d’un événement, voir à le déformer parfois car le souvenir n’est plus très clair, et ce malgré le processus émotionnel qui en découle. Cette dysmorphie du souvenir s’opère à tout âge mais est plus présente chez les personnes âgées.  C’est un phénomène ordinaire du vieillissement naturel.

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